mardi 28 août 2007

Le mot du jour: Emergencias

(et non pas urgencias comme indiqué dans "parler espagnol en Amérique Latine")

Sur deux semaines passées au Pérou, j'en ai passée une à être malade. Normal, il faut que mon petit corps faible de gringa s'adapte au climat, à la nourriture et à l'eau péruvienne, et vu la résistance des péruviens il leur a probablement fallu des siècles pour arriver à ce résultat.

Bref, je vous raconte ma dernière trouvaille. Comme j'étais toute ramollie, courbaturée et que je sentais pointer le truc pas net, je demande à José Luis de m'indiquer la pharmacie la plus proche. Après lui avoir dit les symptômes comme je pouvais, il m'annonce que j'ai ce qu'ils appellent calo frio, et qu'on traduirait par une grippe. Et il me donne même son conseil tout perso sur le remède péruvien à prendre.

Bon je vous arrête tout de suite, José Luis n'est pas un chaman qui concocte des remèdes bizarres à base de plantes ou d'animaux. Et je dis animaux en connaissance de cause puisque l'autre jour en marchant dans une rue de Lima je vois devant une boutique un aquarium avec des crapauds. Je regarde l'intérieur de la boutique et que vois-je? Un bocal modèle réduit rempli des grands frères séchés des crapauds (j'espère que vous n'êtes pas déjà dégoûtes parce que le meilleur arrive). Et à côté un mixeur qui tournait avec un mélange vert à l'intérieur. D'après ce qui était indiqué sur le panneau, ce jus de crapaud était vendu comme remède contre la schizophrénie. Ça c'est du remède de grand-mère péruvienne!

Revenons-en à nos moutons. Donc José Luis qui vit avec les découvertes scientifiques de son temps m'a conseillé un remède qu'on peut acheter dans une vraie pharmacie, la touche perso étant qu'il faut le prendre avec du maté (du thé de feuilles de coca) et une tranche de citron. Il se trouve que c'était pas très bon, et que comme je n'avais finalement pas la grippe ça n'a pas été d'une grande utilité.

Deux jours plus tard, mon état avait franchement empiré et je suis donc allée voir le docteur le plus proche de là où j'habite, c'est-à-dire à la Clinique Good Hope (qui maintenant que j'y pense ne porte pas forcément très bien son nom) de Miraflores (qui, pour ce qui n'auraient pas suivi, se trouve être un des quartiers les plus riches de Lima). Les urgences étaient vides et on m'a reçue quasi de suite.

Je rentre dans une pièce où sans dire un mot ni me demander quel est mon problème, une infirmière me prends la tension, et me fourre un thermomètre dans la bouche puis s'en va, du genre, "ça au moins ça sera fait". Au passage elle m'oublie toute seule dans la pièce pendant 15min (bon d'accord j'exagère, mais quand on se demande ce qu'on fout là avec un thermomètre sous la langue les minutes sont assez longues). Après ça un vrai docteur vient me voir et après consultation elle me dit qu'il se pourrait que j'ai une crise de l'appendicite et qu'il faille m'opérer (enfin c'est ce que j'en ai déduit parce que moi bien sûr je n'ai compris que apendiz et operar). Et puis elle repart en me laissant là complètement paniquée (je vais me faire opérer au Pérou?!? putain je peux avoir une crise d'appendicite tout au long de ma vie mais moi j'attends d'arriver au Pérou pour ça...). Après ça on me transfère dans une autre chambre à côté d'une vieille dame, on me donne une couverture, et puis à toi les déductions Lisa. La suite de l'histoire étant particulièrement répétitive et inintéressante, je vais faire bref. J'ai dormi la moitié du temps, et passé l'autre moitié à réexpliquer à chaque médecin qui venait m'examiner la même chose (ben pourquoi je suis là?) pendant qu'ils m'appuyaient sur le ventre en me disant "c'est quoi qui fait le plus mal, là ou là?" (aïe ou aïe..) Sachant que comme parfois je ne comprenais pas la question, ils recommençaient. Bon la communication et la coordination, c'étaient pas vraiment leur truc dans cette hôpital. Et quand je leur expliquais que j'étais française ils répondaient "Ah esta francesa? Vous parlez français? haha" . Mais ils ne parlaient pas plus lentement ni plus clairement pour autant.

Bref, 4h , 5 médecins, un chirurgien, un gynécologue, une prise de sang et une échographie plus tard, il s'est avéré que c'était pas la peine de m'opérer de l'appendicite, mais que c'était (juste) une infection intestinale très douloureuse, et j'ai pu rentrer chez moi accompagnée de mes amis les antibiotiques.



Ce qu'il y a de bien avec cette histoire, c'est que d'une j'ai eu le temps d'apprendre par coeur les pages "Santé" de mon "Parler espagnol en Amérique Latine", et que de deux avec tous les anticorps que je vais produire je vais moi aussi bientôt être une supermutante comme les péruviens :)

vendredi 17 août 2007

Le mot du jour: locura

Le bilan du tremblement de terre s'alourdit chaque jour et les autorités ont actuellement recensées au moins 500 victimes. Le monde entier voit ça aux informations et de nombreux pays ont débloqué des fonds, envoyé de l'aide et les ONG affluent sur place.

Au même moment l'Irak connaît son attentat le plus meurtrier depuis 2003 (voir ici et ). Au moins 400 personnes sont mortes. Mais les attentats sont tellement courants que plus personne n'y prête attention, moi la première, l'aide humanitaire est insuffisante (voir ici)et Sarkozy fait copain copain avec Bush dans sa résidence de vacances alors que George n'a rien trouvé de mieux que d'envoyer plus de soldats pour résoudre la crise qui oppose les radicaux sunnites, chiites, kurdes et américains.

Quasiment le même bilan de morts, l'un est un catastrophe naturelle, l'autre une tuerie humaine.

Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes...

jeudi 16 août 2007

Le mot du jour: transito

La circulation à Lima est tout simplement hallucinante. Je me moquais des marseillais, mais franchement en comparaison Marseilles est tout simplement une ville parfaitement sûre où tout le monde respecte le code de la route.


Voilà donc les notions de base à savoir pour rester vivant à Lima:

- on aurait tort de prendre en compte la signalisation, car personne ne semble le faire. Un stop, par exemple, n'est qu'une ligne blanche dessinée sur le sol, et ne signifie absolument pas l'arrêt du véhicule, de même que les panneaux disant "silencio" ou "respetar los peatones" ont été planté là pour décorer.


- par conséquent, le slogan "le piéton est roi", qu'on apprend à l'auto-école (et à cause duquel j'ai loupé mon permis la première fois), ferait bien marrer tout le monde ici. Parce qu'ici le piéton est responsable de sa vie, s'il choisit de traverser c'est à ses risques et périls. Le moyen le plus sûr est donc de trouver un feu et d'attendre qu'il soit rouge, ou d'attendre qu'il y ait moins de circulation pour traverser en courant.

- le coup de klaxon, interdit en ville en France (quoique les parisiens ne semblent pas être au courant) peut vouloir dire "bouge toi de là", comme dans n'importe quel pays, mais veut surtout dire ici: je traverse le carrefour donc soit tu t'arrêtes, soit on a un accident (puisque comme sus-dit le système de stop est inexistant). Par conséquent tout le monde klaxonne à tous les croisements.


- les taxis, qui composent 50% des véhicules qui circulent, ne sont pas dépendants d'une compagnie mais appartiennent à chaque conducteur. Donc pas de taxis officiels à qui faire confiance, et le spectre du rein en moins règne toujours. Ceci dit ils sont muy baratos et le prix de la course est négocié avant de monter, donc pas de mauvaise surprise à l'arrivée. Mais avec nos têtes de gringos on se fait avoir à tous les coups.

- le contrôle technique n'existe visiblement pas au Pérou, donc n'importe quelle voiture capable de rouler peut circuler et servir de taxi. Une ceinture de sécurité à l'arrière dans un taxi, ça relève presque du miracle. Comme conséquence nettement plus amusante on trouve à côté des 4x4 de luxe des riches péruviens qui pensent sans doute que Lima n'est pas assez polluée, des tonnes de coccinelles ou de vieilles voitures comme on en voit dans les films américains.


Voilà donc pour ce qui est du décor. Pour ce qui est des raisons de ce brodel, il y en a beaucoup.

Selon un chauffeur de taxi avec qui on a eu une discussion très intéressante, il y avait il y a quelques année une pénurie de la plupart des produits au Pérou. Quand Fujimori est arrivé au pouvoir il a libéralisé et donc ouvert l'économie. Les vieux véhicules japonais dont plus personne ne voulait ont été importés au Pérou et petit à petit les rues se sont remplies de véhicules, et leur conducteurs se sont fait taxis pour gagner leur vie. Aujourd'hui il y a une concurrence incroyable entre les taxis qui travaillent pour leur pomme et les voitures sont les mêmes que celles importées il y a 10ans.

Il existe apparament un code de la route au Pérou,mais le problème est qu'il n'y a personne pour le faire respecter. Même les policiers doivent traverser vite pour ne pas se faire écraser! Et dans le cas extrême où un conducteur prendrait une amende, il peut toujours glisser un billet au policier et le tout est oublié (note: certains policiers en abusent bien sûr et quand on n'a pas commis de véritable infractions il vaut mieux demander l'amende pour court-circuiter le policier corrompu).

Enfin, la circulation à Lima reste un énigme pour moi, et si un jour j'y comprends quelque chose je vous tiens au courant...

mercredi 15 août 2007

Le mot du jour: sismo

En direct de mon premier tremblement de terre.

Pour les français que nous sommes, c'est quelque chose d'assez hallucinant. J'étais assise sur ma chaise et tout d'un coup j'ai eu l'im (article interrompu pour cause de secousses trop fortes).
Je reprends: j'ai eu l'impression que quelqu'un faisait des travaux au marteau-piqueur juste en dessous de moi. N'ayant aucun point de comparaison, mon cerveau a tourné un moment avant de comprendre que c'était un tremblement de terre. Sur ce je me suis rappelée que le péruvien que j'avais rencontrée m'avait prévenu que les tremblements de terre étaient très fréquent au Pérou. Donc pas la peine de s'inquiéter.
Pour comprendre à quoi ressemblait ce tremblement de terre, la meilleure comparaison c'est la bourratitude: plus rien n'est stable, tout bouge, se balance, et on a la tête qui tourne. Puis ça s'est calmé, et ça a recommencé. Et là je me suis rappelée que dans tous les bars et bâtiments publics à Lima il y a une panneau qui dit que les normes antisismiques sont respectées. Et qu'il n'y en a aucun dans ma résidence. Des débris de leçons de "que faire en cas de tremblement de terre?" du primaire me sont revenus et je suis allée me mettre dans l'encadrement d'une porte (note: si tout s'était écroulé, je ne suis pas sûre que c'était la solution). Ceci dit, le tremblement n'était pas aussi spectaculaire que ce qu'on peut voir à la télé, rien n'est tombé des étagères, les cadres sont restés accrochés au mur, pas de fissure à déplorer.
En fond on entendait les alarmes de toutes les voitures qui s'étaient déclenchées, et les klaxons, bruit de fond habituels à Lima, mais en puissance 1000. Bref, vu l'état de la circulation en temps normal (j'ai un million d'articles à écrire sur ce sujet), on peut dire que c'était le bordel total dans la rue.
Mais quand je suis sortie dehors les gens n'avaient pas l'air de prendre la chose comme un évènement qui arrive tout les mois. Tout le monde était sorti dans la rue par mesure de sécurité. Certaines personnes pleuraient, tout le monde avait l'air bouleversé, tout le monde appelait sa famille pour savoir s'ils allaient bien, les téléphones publics étaient pris d'assault. Des vitres des grands immeubles de l'avenue Larco de Miraflores (un des quartiers les plus riches de Lima) avaient éclatées et étaient tombées sur le trottoir. En fait il y a un gros tremblement de terre tous les 30ans ici, et le dernier a eu lieu en 1975, donc tout le monde est un peu sur les nerfs chaque fois que ça secoue.
Et puis toutes les chaines de télé se sont mises à parler de ça, à montrer les images des gens dans la rue et on a appris que c'était un tremblement de terre de magnitude 7.7, et malgré mes faibles, voire inexistantes, connaissances en la matière, c'est assez énorme. José Luis, qui tient la résidence, nous à dit qu'à 8 elle s'écroulait. Rénial 0_o
Pour le reste, vous en serez sans doute bientôt plus puisque c'est déjà sur CNN.
Après manger, Lima ne ressemblait pas vraiment à Lima: les rues étaient quasiment vides alors que normalement elles sont remplies de taxi, combis, microbus et autres. Tout le monde avait déserté. On a tant bien que mal réussi à trouver un taxi, dont le chauffeur, étant donné les circonstances, s'est montré beaucoup plus bavard que d'ordinaire. C'est une chose qu'on remarque dans ce genre de situation: comment les barrières entre les gens tombent, comment il est plus facile de communiquer, comment l'émotion nous fait oublier tout le reste. Dommage qu'il faille un tremblement de terre pour ça...

samedi 11 août 2007

Le mot du jour: cuarto

Etant donné la tonne de choses que j'ai envie de raconter au bout de 2 jours au Pérou, je me vois dans l'obligation de faire un blog.

Quoi de mieux pour le commencer que ma nouvelle chambre que j'ai eu aujourd'hui. Parce que quand on est arrivé ici dans la résidence étudiante ils nous avaient quelque peu oubliés apparament et donc j'étais dans une chambre provisoire, sans fenêtre et puis à côté d'une petite salle de bain. Mais le piège c'est que la petite salle de bain en question, est non seulement ouverte un matin d'hiver (normal...) mais surtout...n'a pas d'eau chaude. Que ceux qui prennent une douche complètement froide en plein été lèvent le doigt. Et maintenant que ceux qui font la même chose à température ambiante de 10° lèvent le doigt (bande de tarés). Mais évidemment quand on se rend compte de la chose, trop tard pour s'échapper. Bon il parait que ça fait du bien pour la circulation, et en plus c'est super bien pour l'envirronement parce qu'on compte les secondes passées sous l'eau, mais franchement après une nuit dans l'aéroport et un jour entier passé dans un avion (dont 10h à côté d'un péruvien qui prennait une place et demi) tout ce qu'on demande est une vraie douche.

Enfin tout ça pour dire que maintenant j'ai trouvé la salle de bain avec la douche chaude (après un passage par une tiède) et ma nouvelle chambre qui roxe est juste à côté.

Et pour courroner ce jour de joie (^^) aujourd'hui j'ai vu le soleil, ce qui est complètement extraordinaire en cette saison à Lima puisque humidité+pollution= garua, un espèce de brouillard gris qui vous fait oublier qu'il existe des endroits où le ciel et bleu et le soleil brille (mode métaphore poétique on). Bref, à travers la garua j'ai aperçu le soleil et ça suffit pour faire de cette journée une bonne journée (théorie de fille du sud qu'Elsa la bretonne ne valide évidemment pas).


It's gonna be legen... wait for it... dary.