jeudi 27 septembre 2007

Le mot du jour: Mudanza

Aujourd'hui j'ai changé de maison.

Adios les hommes d'affaires en costards sur Larco, adios ma voisine de chambre qui gueule jusqu'à pas d'heure, adios les trajets d'1h en combi matin et soir pour aller à la fac, adios la cuisine qui ressemble à un champ de bataille le dimanche, adios les termites dans mon bureau. Adios Miraflores.


Hola les toilettes avec double cuvettes (cherchez pas), hola les hamacs, hola la vue sur les toits de Lima, hola les mini grasses-mat. Hola Magdalena del Mar.

(juste un prétexte pour mettre cette photo de mon ancienne rue avec un - rarissime - soleil couchant)

mardi 25 septembre 2007

Le mot du jour: Centro historico

"Et sinon, à quoi ça ressemble Lima?"
Après avoir entendu moultes fois cette question, je me suis rendue compte que je n'avais pas vraiment présenté la ville dans laquelle je vais passer quasi un an. Je vais donc me mettre en mode routard pour une fois, et (essayer de ne) pas écrire beaucoup pour vous donner une idée visuelle du centre historique de Lima.

Alors tout d'abord voilà la Plaza Mayor, ou Plaza de Armas, mais en fait il y a des plaza de armas dans d'autres quartiers de Lima, et même dans d'autres villes du Pérou, donc je suppose que c'est pour ça qu'elle s'appelle maintenant mayor, histoire de s'y retrouver un peu.



Au centre de la place, il y a une fontaine qui est assez jolie mais, franchement, les photos donneraient mieux si le ciel de Lima était un peu moins gris et si le soleil voulait bien de temps en temps éclairer ces bâtiments...
Malgré le fait qu'elle se trouve dans le centre historique, les bâtiments de la place sont assez récents, puisque le plus vieux est la cathédrale construite après le dernier grand tremblement de terre qui avait tout détruit en 1746. C'est d'ailleurs le plus grand bâtiment de la place, avec le palais de l'archevêque à côté, très joli et très luxueux. A l'intérieur de cette cathédrale se trouvent les restes de la tête de Pizarro, le fondateur de Lima, qui s'était fait décapiter par son rival Diego de Almagro (quand je tape tête Pizarro sur google, je tombe évidemment sur les sites de football, "un corner qui trouve la tête de Pizarro"). Bref d'après le routard, c'est "logique" que sa tête se soit retrouvée dans une boîte dans les murs de la cathédrales, moi, je suis sceptique.


Quart de tour vers la gauche, et nous voici face au Palacio de Gobernio, qui est le siège du président de la république, Alan Garcia actuellement.


Ok, on y voit pas grand chose, mais vous avez déjà vu à quoi ça ressemblait l'Elysée vous, avec les gardes qui hurlent parce qu'on a marché sur le mauvais trottoir?

Eh bien ici, d'accord, on a le droit de marcher devant, mais il y a des tanks postés des deux côtés, ce qui n'est pas franchement engageant, même si le garde en question, comme tous les gardes, à l'air de s'ennuyer ferme. D'ailleurs en parlant de gardes, le palacio del gobernio a aussi ses gardes "officiels" en tenues ridicules (encore une caractéristique partagée par les gardes du monde entier, qu'ils soient à Londres ou au Vatican), et sa relève de la garde.

Un quart de tour de plus et c'est la Municipalidad de Lima, qui le jour où j'ai pris la photo commençait à recevoir les premiers dons pour le tremblement de terre.



Si on prend la rue qu'on voit sur la photo, on arrive dans une rue piétone très jolie, avec des bâtiments de toutes les couleurs, de tous les styles. Ce qui est un peu triste c'est que ces bâtiments ont en majorité été rachetés par des magasins, fast-foods and co, et qu'on peut donc admirer un beau balcon et juste en dessous un grand écriteau Mc Donald, je vous laisse imaginer l'harmonie du tout.




Et cette facade que j'ai pris en photo parce que je l'aimais bien, est apparemment celle de l'immeuble Courret, emblématique du style architectural "Art nouveau" (merci wikipedia).




Revenons à la plaza mayor. Si on prends à gauche du palacio de gobernio, on passe à côté de cette petite galerie pleines de petits stands pour touristes où on peut trouver des plans de Lima multicolores et insortables si on est perdu, des articles rivalisant de kitch, des portaits de Jésus, des pères-noël miniatures, etc. Ceci dit il y a aussi des petits restaurants péruviens sympas et pas chers.


Au bout de la rue, on arrive en face du fleuve Rimac, qui n'a de fleuve que le nom, puisqu'il est quasiment à sec, et charrie seulement les déchets abandonnés.


Au fond, la colline -le Cerro San Cristobal - qui surplombe Lima, et en zoomant vous verrez qu'elle est recouverte de bidonvilles. On peut traverser le pont pour aller de l'autre côté du Rimac, mais au bout de 5min les péruviens qu'on croise dans la rue nous disent les uns après les autres qu'on ne devrait pas y aller parce que c'est dangereux et qu'on va se faire voler. Faudra donc que j'attende d'avoir des amis péruviens grands et musclés (cherchez l'erreur) pour aller y faire un tour.

On revient donc face au placio de gobierno, mais ce coup-ci on prend à droite.

On se retrouve face à l'Eglise de San Francisco, puis encore plus loin (et là je ne sais même pas comment j'y suis arrivée) on tombe sur le Mercado Central, et juste à côté la porte qui marque l'entrée du Barrio Chino (le quartier chinois), qui à part les restaurants n'a pas grand chose de chinois, et surtout pas les gens. C'est sans doutes parce qu'il y a eu beaucoup de métissages chinois-péruviens, parce que les chinois qui avaient émigrés étaient à 90% des hommes.


Et puis la fin de mon exploration du centre: la Plaza de Italia, très agréable avec un peu de verdure au milieu, et puis ses stands le samedi et le dimanche où l'on peut acheter de la nourriture péruvienne directement cuisinée par des vieilles péruviennes de bonne humeur.



Le centre historique de Lima a été classé patrimoine mondial par l'UNESCO, et malgré sa couché de gaz carbonique rendant les bâtiments noirs, et le manque d'entretient, ce qui fait son charme c'est cette diversité, qui fait qu'en deux rues on passe d'un place luxueuse à une rue pauvre, du marché central très traditionnel à la rue commerçante occidentalisée, des bâtiments officiels imposants aux bâtiments de toutes les couleurs, de tous les styles et de toutes les époques, qui se suivent et ne se ressemblent pas.

jeudi 13 septembre 2007

Le mot du jour: Rutas cortas desde Lima

"Conocido también como El Balcon del Cielo por la magnifica vista que ofrece del valle del rio Mala, San Vicente de Azpitia se ha convertido en uno de los refugios ideales para los fines de semana. Tiene un clima privilegiado que se caracteriza por ser seco y con sol durante todo el año. "

Voilà ce qui était écrit sur le dépliant "Routes courtes depuis Lima" distribué à l'office de tourisme, et quand on n'a rien vu d'autres depuis 1mois que les rues et le ciel gris de Lima, croyez-moi ça fait rêver.
On se lève donc dimanche matin pour prendre un bus qui prend la Panaméricaine sud et nous laissera au passage sur la route qui va à Azpitia.
A la sortie de Lima, je vois donc pour la première fois les montagnes désertiques de la sierra. On demande au chauffeur de nous laisser au km 80 comme c'est indiqué sur notre brochure, mais quand il s'arrête 1h30 plus tard, nous tirant du navet américain dont les personnages parlent comme des extra-terrestres à cause d'un bug du dvd, on est vraiment au milieu de nulle part.

Avec une petite plage grise en fond, le seul signe engageant est le panneau sur lequel il est écrit en petit Santa Cruz de Flores, la ville par laquelle on doit passer. On attend donc au bord de la route, ne sachant pas vraiment quoi parce que personne ne croit vraiment qu'un véhicule va passer par là avant longtemps. Pourtant, au bout de 5min à peine un bus sorti de nulle part prend notre route et, selon les règles péruviennes, s'arrête au milieu de la route quand on lui fait signe. On monte donc dans le bus où on se serre sur les banquettes à côté des gens qui nous font de la place, et au milieu des vendeurs de nourriture à grignoter péruvienne. En tant que groupe de gringos blancs, on est l'attraction du jour, car contrairement à Lima, où tous les types se côtoient ( mais ne se mélangent pas forcément), ici tout le monde est indien.
Après avoir expliqué comme on peut au cobrador (celui qui vend les billets et s'occuper de faire monter et descendre les gens) où on veut aller, il nous fait descendre à San Antonio. On se met en marche vers Santa Cruz de Flores qui est le prochain pueblo. Le village a été sérieusement touché par le tremblement de terre, et les gens commencent à reconstruire les maisons dans d'aussi mauvaises conditions qu'avant. Ici pas d'aide exterieure.



Finalement une vieille dame nous dit que Santa Cruz est assez loin et donc on prends un combi (mini-van) qui y va. C'est assez surprenant de voir que même dans les petits villages loin de tout, on n'attends pas plus de 10min pour trouver un transport en commun. Notre petit groupe se retrouve donc dans un combi déjà bien plein. En fait il se trouve qu'il y a une famille qui tient un restaurant, et toutes les femmes sont allées faire le marché pour leurs produits, de la petite fille de 6ans qui s'occupe de son petit frère à la grand-mère en passant par la mère. Leurs sacs sont donc remplis de légumes mais aussi d'écrevisses - vivantes bien sûr, qu'elles nous montrent quand on s'inquiète de voir les sacs bouger. Comme la route est en fait un chemin de terre et de graviers tout cabossé et qu'on est une quinzaine dans un mini van pour 9 qui a un moteur des années 60, la situation est assez comique, et d'ailleurs tout le monde se marre dans le combi. Le chauffeur réussit quand même la prouesse de monter une côte comme ça, en jouant avec sa première alors que les roues patinent et que le moteur agonise.
Après avoir fait un détour pour les laisser devant chez elles il nous amène à Azpitia. Et il faut bien se rendre à l'évidence quand on arrive: il n'y a pas de soleil.
On a quand même suivi le chemin pour aller se balader, au milieu des propriété viticoles assez riches, puisque c'est la spécialité d'ici.

Finalement il faisait chaud, on a pu respirer de l'air frais, et on a fini par trouver du soleil.


Los gringos qui s'étaient embarqués dans cette histoire de Balcon du Ciel ensoleillé: Florence (France), Martin (Belgique), Myriam (Allemagne), Thomas et Marie-Clémence (parisiens) et Mélanie (Canada).

On est redescendu manger à Azpitia, qui à quelques minutes des riches propriétés viticoles, est un pueblo plutôt pauvre, mais curieusement plein de restaurants touristiques, sans doutes parce que le coin est vraiment joli pour des ballades.


Puis on a marché jusqu'à Santa Cruz de Flores, où on a finalement retrouvé le restaurant des péruviennes du matin et où on a bu un jus de fruit fait avec des fraises du marché riquissimo (délicieux, et non riche). Ensuite on a mangé des picarrones à San Antonio, des sortes de beignets, mais dont les ingrédients sont inconnus, et le résultat...improbable. Je me suis sentie un peu comme dans Le Père Noël est un ordure, à manger le kloug roulé sous les aisselles péruvien pour ne pas vexer la vendeuse, en souriant et en disant, "mmmh, bueno".

Puis après quelques galères, on a finalement trouvé un bus pour nous ramener à Lima, ses rues goudronnées, son gaz carbonique et ses rues pleines de gens de toutes sortes. Parce que mine de rien c'était ma première expérience dans la peau d'une touriste occidentale, c'est-à-dire blanche et friquée, et c'était assez inconfortable. Ça peut être sympathique, comme le matin dans le combi avec les péruviennes, déstabilisant, comme le petit garçon sur la photo qui m'a demandé pourquoi j'avais pris cette photo, mais aussi très gênant, comme le soir quand le chauffeur de bus nous a fait monter devant une queue d'une vingtaine de péruviens avec tous leurs sacs qui attendaient depuis 30min au moins pour monter dans le bus pour Lima, tout ça parce qu'on était blanc, et qu'ici le racisme est inscrit dans les comportements sociaux. Et le pire avec cette discrimination là, c'est que les gens l'appliquent à eux-même, et tout le système social est basé sur ça et accepté par la population. Mais il y a beaucoup de choses à écrire la dessus, ça viendra un peu plus tard.


Sortir de Lima est donc un expérience qui vaut le coup, et la prochaine fois j'espère bien que je me ferais pas avoir par une brochure touristique alléchante et que je trouverais vraiment du soleil.

mercredi 12 septembre 2007

Le mot du jour: Partido de futbal

Eh bien oui, moi qui ne suis jamais allée à un seul match de foot en France, me voici au bout d'un mois au Pérou dans le Estadio Monumental de Lima pour voir le match amical Pérou-Colombie. La passion continentale pour le footbal aurait-elle déjà déteint sur moi?

Eh bien non mais figurez-vous qu'ici, aller acheter un billet pour un match de foot ou aller faire ses courses c'est pareil, d'une parce que c'est le supermarché Wong qui vend les billets, et de deux parce qu'on a des chances pour s'en sortir pour le même prix: 10 soles pour la tribune sud, que le vendeur nous conseille pour son ambiance (le plus cher est 30 soles).
Les places ne sont évidemment pas numérotées donc idéalement il faut y aller pour 17h (pour le match de 20h) selon le même vendeur. Nous ça nous fait un peu rire, puis on s'en fiche un peu de bien voir le match, c'est surtout pour voir l'ambiance qu'on y va. Mais bon on se donne quand même rendez-vous à 17h45 devant le stade.
Etant données les capacités d'organisation et de ponctualité d'un groupe d'étudiants, on part vers 18h et des bananes de notre résidence. On prend un taxi à quatre pour aller au stade qui est plutôt loin à ce qu'on nous a dit.
Ca commence bien quand le taxi nous fait remarquer qu'on est un peu inconscientes d'aller voir un match de foot au Pérou, avec nos têtes de touristes. Puis on lui dit qu'on est dans la tribune sud, et là il se met à dire qu'on est complètement folles, que c'est hyper dangereux, qu'on les appelle "el campo sur" et que tout le monde a peur d'eux, que même lui n'y va pas. Myriam l'allemande rigole bien en disant qu'elle est déjà allée à des matchs en Allemagne et que vu les hooligans qu'il y a, elle débarque pas complètement. Mais il continue en disant qu'on va se faire voler, qu'on ressortira sans rien. Sur ce il nous raconte qu'il est allé voir un match en Argentine et que comme c'était un touriste il est ressorti sans chaussures, portefeuille ni manteau. Marie-Clémence voudrait franchement ne jamais avoir acheté ses billets.
Il se trouve qu'en plus le trajet est pour le coup vraiment long, que plus on s'approche du stade et moins on avance vite, et qu'il n'a pas l'air de se lasser de nous décourager d'y aller. Ca fait maintenant une heure qu'on est dans le taxi et on lui demande si c'est loin parce qu'on y serait sans doute plus vite à pieds vu comme c'est bouché. Mais il nous dit que ça craint, que même les policiers n'y vont pas, qu'il n'y a rien autour du stade.
20min et 50m plus tard, c'est-à-dire à 15min du match, on décide de descendre du taxi vu le nombre de gens qui ont eu la même idée, et les policiers qu'on a croisé. Ca me confirme que le chauffeur en rajoutait des tonnes, comme c'est souvent le cas ici parce que beaucoup de péruviens ont tendance à materner les touristes en pensant qu'ils ont peur de tout et qu'il vaut donc mieux leur éviter le moindre désagrément. Ca part d'une bonne intention au départ, et bien sûr il est marqué porte-feuille-sur-patte sur notre tête, mais ça devient énervant à la longue, parce que si on les écoutait on resterait dans un hôtel 4 étoiles et on ne vivrait pas.
En tous cas il est 19h50 et on se dépêche dans l'avenue Javier Prado où il y a tellement de piétons qui se ruent vers le stade que les voitures ne peuvent même plus passer. On croise des dizaines de vendeurs de billets au noirs (Surorienteoccidentenorte!Sur!Sur!), de maillots, écharpes, drapeaux, cigarettes, chips, barres chocolatées. Le temps qu'on retrouve tout le monde, on entend les hymnes de dehors. Finalement après une vérification à la lampe de poche de l'authenticité de notre billet et un cochage au stylo, on entre dans le stade alors que le match vient de commencer. C'est plein à craquer, enfin du moins dans les tribunes les moins chères, qui sont en fait des grandes marches de pierres, sans siège. Et pas de bandes avec des couteaux dans la bouche à signaler.
On est derrière le but colombien qu'on voit à travers de grillages, tandis qu'on aperçoit le but péruvien en se décalant à gauche ou à droite d'un poteau. C'est marrant de voir un match de si près et sans commentaires. Du coup je comprends rien aux décisions de l'arbitre et je ne sais pas qui sont les joueurs, non seulement parce que je ne suis pas une spécialiste du footbal péruvien mais surtout parce que c'est pas marqué sur leur maillot. Enfin je réussis quand même à repérer Pizarro parce que tout le monde crie son nom. A part ça le match est ponctué de messages de la police toutes les 10min qui demande d'évacuer les escaliers de telle ou telle tribune.

Evidemment selon les lois de Murphy, la Colombie a marqué à la première mi-temps, donc de l'autre côté du terrain qu'on ne voyait pas. J'ai compris qu'il y avait eu un but quand j'ai vu courir les joueurs et se lever pour chanter les 30 colombiens du stade que tout le monde regardait. Et selon ces même lois en deuxième mi-temps le Pérou a égalisé de l'autre côté du stade. J'ai quand même vu le deuxième but de la Colombie mais là encore, tout le monde croyait que la balle avait été sortie des cages par un défenseur et donc c'est en voyant courir les joueurs qu'on a compris.
C'était marrant de voir les photographes qui étaient juste devant nous qui grâce aux miracles de la technologie partageaient leur temps entre photo et envoi sur leur ordinateur portable (ce qui à mon avis est une opération fort risquée sur un terrain de foot). D'ailleurs à un moment le joueur ne pouvait même pas tirer le corner parce que les photographes le genait. C'est fou.
Pour finir on est sorti 5min avant la fin pour éviter les mouvements de foule et trouver un transport pour rentrer avant que ça soit congestioné et on a donc loupé l'égalisation du Pérou à la dernière minute...
Enfin on a quand même eu beaucoup de chance parce que vu le système d'organisation il y avait 2000 personnes qui avaient acheté des billets mais qui n'avaient pas pu rentrer parce que le stade était complet et qu'ils avaient donc fermé les portes. Les gens étaient donc très ennervés et les policiers ont distribué quelques coups pour les calmer. On est au Pérou.

On est finalement rentrés en taxi et comme c'était cher à cause de l'heure et des lois de l'offre et de la demande, on s'est serrés à 1 devant, 4 sur la banquette arrière et 2 dans le coffre.

Comme le dit Benabar, et quoiqu'en dise le taxista, "j'échangerai pas ma place, même si on va dans le mur"...

mardi 11 septembre 2007

Le mot du jour: Protesta

Première expérience de contestation péruvienne à l'université.

Évidemment, vous me direz, je suis en Amérique Latine, autrement dit pour nous autres européens synonyme de guérillas et contestations en tout genre. Eh bien figurez vous que selon mon cours d'hier il se trouve que ce continent est en fait très conservateur puisque malgré une adaptation à la modernité il a gardé le modèle paternaliste, autoritaire et corporatiste hérité de l'Ancien Régime espagnol, et les indépendances n'ont rien eu de révolutions mais plutôt de réappropriation des terres par les haciendados/ex-colons espagnols (enfin ce n'est pas le sujet, si ça intéresse quelqu'un j'en reparlerais plus tard).
Pour ce qui est des rebellions étudiantes, je suis dans une université privée qui s'appelle la Pontificad universidad Catolica (la PUCP ou la Catolica, comme nous l'appelons affectueusement), donc pas vraiment le genre Che Guevara.

Mais voilà, mercredi dernier en me baladant dans la Catolica, je vois scotchées aux murs des affiches faites à l'arrache annonçant "Assemblée générale à 13h". Intriguée, je me dis que j'irai bien faire un tour histoire de voir de quoi il s'agit. Mais alors que j'attends mon repas au Comedor de Arte (une des cafets de la PUCP), j'entends des slogans criés et je vois arriver dans l'allée principale de l'université un cortège de travailleurs portant des pancartes que je n'ai pas le temps de lire. Je les suis et ils rejoignent bientôt un autre groupe, mais d'étudiants cette fois. Et là j'apprends que le toit de la faculté d'art s'est effondré le matin même et qu'il y a eu trois blessés. C'est le déclencheur.
Il faut dire que la fac de arte, c'est quelque chose: des taules pour les murs, des taules pour le toit. Quand il y a eu le tremblement de terre, ils étaient tous déçus qu'elle ne soit pas tombée parce qu'au moins ça aurait obligé l'administration à en reconstruire une nouvelle. En plus de ça elle est fait en asbesto qui est à peu près aussi bon pour la santé que l'amiante. Rien de bien étonnant à ce que le toit se soit écroulé alors qu'un ouvrier le repeignait. L'ouvrier en question a été blessé ainsi que deux étudiants.
Les syndicats de travailleurs - qui ont plus d'une revendication à faire valoir, réagissent, les étudiants d'art font un sit in (pour le coup constructif) sur la pelouse, pour dénoncer la précarité de leur fac. Ils vont devant la PUCP et les caméras sont déjà là, même si ce n'est qu'une manifestation à l'intérieur de la fac, qui s'adresse à l'administration (vidéos ici).
Sur le trac que distribue le syndicat PUCP il est quand même indiqué entre autre que certains travailleurs qui ont un contrat depuis 8 ans sont toujours payés 770 soles par mois (autrement dit environ 190€, et même si le pouvoir d'achat n'est pas le même ici, c'est une misère) alors qu'un ejecutivo est payé 12 000 soles, et que certaines autorités administratives de la PUCP enferment les travailleurs pour les obliger à signer leur renoncement aux bénéfices sociaux... Pas le genre de revendications dont tout un chacun peut dire, "de quoi ils se plaignent encore..."

J'ai dû aller en cours et je n'ai donc pas suivi la suite du mouvement, mais quand je suis sortie de cours 4h plus tard ils faisaient le tour des différentes fac de l'université et faisaient signer des pétitions pour la construction d'une nouvelle fac d'art, ce qui me parait assez raisonable étant donné que la leur s'effondre. Pour ce qui est des droits des travailleurs, ça mobilise pas les foules, il faut pas oublier que le niveau de vie des péruviens qui étudient à la catolica est à des années lumières de celui de ceux qui tondent la pelouse ou servent à la cafet.

Mais enfin le plus drôle (ou pas) c'est qu'hier on reçoit tous un mail de la direction de la communication (5 jours après l'incident) pour nous expliquer ce qui s'était passé, et surtout bien nous dire que la PUCP déplore cet accident qui était en fait dû ... à la négligence de l'ouvrier.
Pas de remise en question à l'horizon on dirait.