vendredi 30 novembre 2007

Trujillo

A 8h de bus au nord de Lima, on trouve Trujillo. C'est une ville assez riche et conservatrice, dont le centre autour de la plaza de armas a conservé ses maisons coloniales dont la particularité est que les fenêtres ont des grilles en fer forgé.

On peut normalement visiter quelques maisons appartenant à des particuliers, mais pour une raison qui échappe à la logique touristique, elles sont fermés les jours fériés, les ponts et les fins de semaines.

Trujillo c'est aussi la ville d'origine et le bastion de l'APRA (Alianza Popular Revolucionaria Americana), le parti le plus organisé du Pérou, celui du Président Alan Garcia, originellement de gauche et anti-impérialiste (fondé à Mexico en 1924 par Haya de la Torre), mais qui ne l'est plus aujourd'hui (ils ont ratifié le Traité de Libre Commerce avec les Etats-Unis).

A 15min en combi de Trujillo il y a la plage de Huanchaco, réputée pour son soleil flamboyant (comme vous pouvez le voir sur les photos je suis Mademoiselle Poisse), ses vagues pour les surfeurs et ses caballitos, des embarcations traditionnelles qu'ils continuent à fabriquer (depuis presque 2 millénaires), et sur lesquelles il faut monter à cheval (d'où le nom donné par les espagnols).













Il faut payer 0,50 soles pour pouvoir aller sur le ponton, et on peut louer un fil de pêche pour attraper des poissons (et il y en a plein, il y a même pas besoin d'être patient, non pas que j'ai testé mais toutes les deux minutes il fallait vérifier qu'un poisson ne t'atterisse pas sur le tête quand les gens le remonte), ou juste se ballader jusqu'au bout du ponton pour voir les vagues et les surfeurs qui glissent dessus.


























Huanchaco étant un village coincé entre la mer et la sierra, il est en pente et si on monte voir l'Eglise on surplombe les maisons et la plage. Au passage on s'arrête écouter une peña qui joue pour l'anniversaire d'un vieux monsieur, et apparemment la tradition est que toutes les femmes présentes dansent avec lui une par une. Bien sûr il suffit que je tape des mains 2secondes, entraînée par la musique me rapellant la fête à St Gély, pour que je me retrouve embarquée à danser avec le vieux monsieur. Et Clémence aussi du même coup.









A 15min de Trujillo, il y a aussi Huaca del Sol y de la Luna, deux temples moche (à prononcer "moché"). Cette visite m'a au moins servi de cours d'histoire, donc voilà à peu près ce que je sais sur les Moche: c'est une civilisation qui vivait dans le nord du Pérou de 100 à 700 après JC, ils avaient construit des temples, des systèmes d'irrigation pour leur ville qui hébergeait à peu près 10 000 habitants,
ils faisaient des sacrifices humains quand il y avait des catastrophes naturelles dans Huaca de la Luna (la pyramide spirituelle, très bien conservée, les peintures sont d'origine). Le pouvoir politique était à Huaca del Sol (l'autre pyramide), et la société était très hierarchisée, ce qui se voit dans l'entassement plus ou moins important des (ruines d') habitations. Ils ont été défaits par les Chimu, un groupe de Moche qui a imposé sa civilisation.
Et le meilleur pour la fin: ils ont inventé les Space invaders!

Enfin à 15 min de Trujillo il y a aussi Chan Chan, parce qu'une fois que les Chimu ont eu viré les Moche, ils ont continué dans la provoc en construisant leur siège de pouvoir jusqu'à côté. Dix palais, un pour chaque nouveau dirigeant, qui ne voulait pas rester dans le palais de son prédecesseur. Ça ne fait pas longtemps que la valeur des ruines a été reconnue et protégée, donc il y a la route Trujillo-Huanchaco qui passe au milieu, mais comment demander de la supprimer maintenant? 1000 ans après les dirigeants capricieux qui voulaient se démarquer de leur prédecesseur, le problème reste le même: un gouverneur commence des travaux pour rénnover et mettre en valeur Chan Chan, celui d'après décide de tout arrêter, un commence à reconstruire un mur, celui d'après s'indigne de la perte d'authenticité et laisse la moitié du mur reconstruit (et c'est vrai que les briques au milieu des ruines c'est pas terrible) et l'autre d'origine, un rénove un palais, celui d'après abandonne la rénovation et commence celle d'un autre palais. La stupidité traverse les siècles en parfait état.

Sur les Chimu: ils avaient une relation très forte avec la mer (les murs sur la photo sont censé représenter des vagues) puisque c'était une source de leur pouvoir. Ils avaient deux rois, un vivant, et l'âme du roi précédent mort, qu'ils momifiaient et exposaient sur la place centrale. Ils avaient une piscine au milieu du palais, ils ont amélioré les caballitos de chimu, et leur civilisation s'est éteinte quand ils se sont fait vaincre par les Incas qui avaient derrière eux leur royaume qu'ils avaient construit dans les Andes au fur et à mesure de leur montée vers le Nord.

Et pour finir il faut mentionner que les Chimu coexistaient avec une population un peu plus au nord qui avait des dirigeantes femmes, et qui pratiquait la polyandrie. Les Incas les ont laissé conserver leur tradition après avoir pris le contrôle de la région, mais il faut croire que c'était vraiment trop pour les colons espagnols.

lundi 26 novembre 2007

Huancayo

Huancayo est une ville de 550 000 habitants, mais comme les villes péruviennes elle est construite en cuadras, donc en grandes avenues parallèles et perpendiculaires. Donc le plus joli dans la ville c'est la plaza de armas.

La ville résonne d'une voix grave à la Big brother, très effrayant jusqu'à se qu'on se rende compte que ce n'est que les vendeurs d'ananas ambulants qui disent dans leur mégaphone "Piña. Piña".


On part en tour avec un guide, notre groupe de 11 dans un combi. On commence par aller voir un site géologique qui s'appelle Torre torre, un mini-canyon qui surmplombe la ville.












En fond (il faut zoomer) une formation qu'ils appellent "La vierge et l'enfant" mais qui vu les circonstances a été renommée "El turista con la mochila" (Le touriste au sac à dos)



Et voilà le Parque de la identidad de Huancayo, qui nous est vendu comme un mini parc Güell de Barcelone. Sauf que ça a des allures un peu plus kitsch, avec des statues dorées des artistes qui ont participé à sa création et un haut parleur
qui diffuse le Beau dabube bleu et autres musiques d'ambiance pour mariage réglé et cliché (trois défilés de mariés avec des têtes plus d'enterrement que de mariage en moins d'une heure).














En tant que groupe de blancs on attire l'attention et on se fait plein d'amies, des petites filles qui étaient là pour le mariage et qui nous demande un par un comment on s'appelle, d'où on vient et quel âge on a.




Dans le village voisin de Cochas Chicas (ou Grandes, je sais plus lequel c'est) on visite une fabrique artisanale de mates burilados, des fruits sculptés et brûlés avec une précision hallucinante. Elle est tenue par un vieux et une vieille qui ont gagné tout au long de leur vie des prix de qualité dans les marchés artisanaux qui sont affichés fièrement aux murs. Le travail moins drôle consiste pour les autres employés à recouvrir d'une cire les fruits sculptés et les passer au dessus d'une flamme pour qu'ils prennent leur apparence définitive.





A mentionner dans la même journée: le chauffeur du combi à réussi à le bloquer sur une pierre, et comme il ne voulait plus le bouger de peur d'arracher le dessous (ce qui serait probablement arrivé vu l'ancienneté de l'engin) ils ont fait levier pour déloger le rocher - Le guide qui connaissait tous les villageaois du coin a décidé de nous faire visiter à la nuit tombée un élevage de truites d'un ami à lui auquel on accède par un petit chemin de terre. On a heureusement croisé l'ami en question qui nous a amené à l'arrière de sa camionnette/pick-up (le rêve latinoaméricain), en roulant à toute allure sur le chemin cabossé et étroit tout en faisant la course avec un cheval - Pour finir on est allé dans un bar où on a pu déguster un calientito, boisson typique de Huancayo composée de rhum ou pisco mélangé avec du thé, au son d'un groupe de musique traditionnelle sur lequel le guide a tenté (sans succès) de nous apprendre les pas de danse.


Et puis on a fini par le marché du dimanche matin, attraction principale de Huancayo, où les artisans viennent vendre leurs produits, que les touristes achètent (et un bonnet en laine d'alpaca!), mais aussi où les habitants de Huancayo (je ne trouve pas comment ça se dit) viennent faire leurs courses. Le tout sur fond de parade pseudo-militaire sur la plaza de armas.


Retour en bus pour Lima, avec les traditionnels films les plus ratés de l'histoire du cinéma. Une perle durant ce voyage avec Jean-Claude Van Damme sauvant le président corrompu de la Moldavie (au moins aucune chance que quelqu'un sache où c'est) du peuple qui réclame qu'il soit jugé. Au lieu de ça super Jean-CLaude et la journaliste sexy permettent son extradition aux Etats-Unis. Le tout en espagnol ne correspondant pas aux mouvements des lèvres. Suivi de Colatéral, entrecoupé des têtes des gens qui passent dans le cinéma ou ça a été filmé, et des rires unanimes de la salle quand Tom Cruise bute un type sans raison. Faudra qu'on m'explique. Au moins pour le coup on peut profiter du paysage.

Viajes

Déjà deux mois que je suis partie à Huancayo et je n'ai toujours pas mises les photos de mon séjour sur place sur ce blog. Je vais donc faire une session "photos de voyages" un peu en vrac, en essayant de choisir parmis mes centaines de photos, avec quelques commentaires bien sûr parce que je ne peux pas m'en empêcher.

Petite précision: normalement en cliquant dessus vous pouvez avoir les photos en grand.

samedi 24 novembre 2007

Fiesta de la musica

Hier, vendredi 23 novembre, c'était la fête de la musique à Lima. Pour ceux qui sont actuellement sous la neige et à qui ça parait fou, je vous rassure, moi aussi ça me parait fou. Seulement l'été arrive à Lima. L'été au mois de novembre, pas facile à assimiler, surtout quand derrière la grande scène montée sur l'Ovalo de Miraflores (le rond-point) on aperçoit un sapin géant en cours de montage (oui parce que Noël approche aussi, et avec la fausse neige et les guirlandes rouges-vertes-dorées il y a de quoi devenir fou).

Mais soit, l'été arrivant, rien d'illogique à une fête de la musique. Jack Lang était même là pour inaugurer l'évènement, c'est pour dire. On pouvait se balader hier après-midi dans le Parc Kennedy et écouter une chanteuse de variété péruvienne, ou un groupe de rock d'étudiants reprennant Knockin' on heaven's doors. Le problème c'est que les péruviens à qui j'ai mentionné la fête de la musique n'étaient absolument pas au courant qu'un tel évènement se produisait dans leur ville. Ce qui me fait déduire que c'est la première qui a lieu au Pérou.

Pour l'occasion, les artistes péruviens les plus connus (Grupo 5 à l'exception, je vous raconterai une autre fois) se sont succédé sur la grande scène devant le Mc Do de Miraflores, qui, bien sûr, était le seul ouvert toute la nuit, ce qui permet aux gens assoiffés ou affamés de s'acheter un hamburger ou un coca à toute heure.
Mais revenons-en au concert. Il était présenté par le Michel Drucker péruvien et une grande blonde mince pointue (blanche bien sûr) avec une robe de soirée, pas vraiment le genre fête populaire dans les rues qu 'ils essayaient de vendre. Après Jean-Pierre Magnet et sa Big Band (aussitôt traduite en Gran Banda, ça m'étonne même pas qu'en castellan le Big Bang soit aussi connu comme la Gran Explosion ), qui en tous cas est un groupe de saxos sympa, et un groupe dont je ne me rappelles même pas tellement c'était bien, le Teatro del Milenio, a exécuté un extrait de son spectacle Kimba Fa. C'est du théâtre musical-danse afro-péruvien. Un rythme fort obtenu en frappant des grands bâtons, de la danse un peu africaine, un peu Lord of the danse parfois, le tout très original et vraiment impressionnant. De la bonne humeur concentrée.
Juste après arrive Bartola. Un vraie diva. Elle fait arrêter les musiciens pour qu'on entende chanter le public, qui reprend d'une seule voix ses chansons, elle éteint son micro pour chanter a capela un passage d'une chanson (regarder vers 2'30). Impressionnante.
Puis dans le désordre: un groupe de hip-hop péruvien qui chante "somos la raza peruana" (ce qui de notre point de vue de français parait fou - imaginez un groupe de hip hop français chanter "on est la race française", mais qu'il faut comprendre comme "on est un pays qui galère mais on est fier d'être péruvien, on peut y arriver et notre culture vaut quelque chose"), los Doltons, un groupe des années 60 dont le chanteur a la même coupe de cheveux que Daniel Balavoine et qui chante des chansons dans le même style, un groupe de Son cubain (les origines de la salsa), Sonia Morales, qui chante des musiques andines (ce qu'on appelle la marinera, vous pouvez écouter ici si vous êtes curieux) en costume traditionnel qui la fait ressembler au choix à un sapin de Noël ou à une cloche de Pâques, et puis Bella Bella, la version péruvienne de Pussy Cat Dolls, c'est-à-dire trois filles en string avec des "jupes" (je crois que là le terme est dépassé) couvrant seulement la moitié des fesses et dont le seul rôle est les remuer le plus possible (une petite pensée pour Guitou et la SGESD), la caméra ne se gênant pas pour faire des gros plans sur les fesses en questions, qui sont, avouons-le, là pour ça. Le tout entrecoupé de blagues machistes, ou de parodie de féminisme grotesque du genre la chanteuse habillée en sapin ou celles habillées avec deux bouts de tissus de 5cm de large criant "las mujeres al poder" d'un air pas convaincant, à quoi le trublion de service qui leur sert de présentateur répond "al poder, al poder, al poder de la cocina!" (pour les non-hispanophones ça donne "les femmes au pouvoir de la cuisine!"). Ou bien haranguant les foules avec un "qui veut ramener une fille comme ça chez soi ce soir? (en montrant une des filles de Bella bella), Vas-y tourne toi pour voir (tes fesses)". La fille s'exécutant avec un grand sourire. Vous imaginez comme ce genre de blague me fait rire.
Au milieu de ça on a eu le grand honneur d'avoir un extrait d'une comédie musicale (avec la présentatrice pointue au piano). Vous voyez les comédies musicales françaises? Eh bien imaginez exactement le même chanteur, la même chanteuse, les même gestes, les même airs, mais les personnages principaux étant Jésus et Marie-Madeleine.
Enfin heureusement on a fini avec La Sarita, le groupe pour lequel on était resté, du rock-ska péruvien dont le chanteur est le sosie de Bertrand Cantat. Leur particularité est de mélanger les genres: de se faire accompagner par un violon et une harpe andine, et de faire intervenir des danseurs folklorique (le type en question danse sur les pointes alors qu'il porte des sortes de converses). Si vous voulez une idée de l'ambiance vous pouvez les voir sur cette vidéo de Youtube avec leur chanson Guachiman (le mot hispanisé pour Watching man, ou garde).

Pour un première fête de la musique c'était festif, diversifié et il y avait encore pas mal de monde à 4h du matin quand ça s'est fini. Mais enfin pour la prochaine ça serait bien que les limeniens soient un peu plus au courant. Et que ça ait lieu dans tout Lima, histoire que le Drucker péruvien n'effraie pas les jeunes péruviens en attente d'un peu plus de musique alternative.