Cette semaine, grâce a Polvos Azules, le marché des produits tombés du camion, des contre-facons et des copies le plus important de Lima, tellement toléré que la tour bleue avec les lettres Polvos Azules en géant permettent de se repérer dans le centre, tellement vaste que pour se repérer à l'intérieur des couloirs de chaussures, dvds ou appareil photo il y a des numéros de rues et passages - grâce à Polvos Azules donc, j'ai fait un tour du monde cinématographique.
J'ai vu un film italien (Cinema Paradiso), un francais (Le Scaphandre et le Papillon), un suédois (Cris et chuchotements), un espagnol (Cría Cuervos), un argentin (XXY), un anglais (The Queen), un étasunien (Little Miss Sunshine) et un bosniaque (Chat blanc Chat noir).
Pourtant si j'avais suivi fidèlement le modèle de la mondalisation actuelle je serais allée dans n'importe quel ciné péruvien voir un film hollywoodien. Je n'aurais pas vraiment eu le choix de film de toutes facons.
Si j'étais complètement contre l'intensification des échanges, quels qu'ils soient et aussi inégaux qu'ils soient, entre les différents pays du monde, eh ben ... je serais tout simplement restée en France.
Evidemment on ne peut pas dire que j'ai vraiment fait marcher le cinéma indépendant - polvos azules oblige, mais au moins j'ai goûté à un peu de culture de chacun de ces pays, rien pour ne pas oublier que tous les héros de films ne parlent pas anglais, que le monde n'est pas peuplé de gens grands, minces et qui se réveillent avec du mascara et un brushing, qui ne vont jamais au toilette, fument des malboros et boivent leur café dans des verres en carton, et que toutes les histoires ne finissent pas toujours bien.
lundi 28 avril 2008
vendredi 18 avril 2008
Salta

La ville aurait été transformée par Romero (mais c'est toujours selon les péronistes, et Romero était évidemment péroniste).
Un peu plus haut que Salta capital, on traverse les quartiers de demeures luxueuses magnifiques. Il y en a même qui ont des prairies pour les chevaux. Je vous raconte pas le choc des inégalités sociales.
Et puis on sort de la capitale. Quebrada de San Lorenzo, Dique Campo Alegre, Quebrada de Cafayate, Rio Colorado.
La province Salta est rouge et verte. Végétation verdoyante et minéraux ocres. Cactus, cascades et fleuves boueux. Vignes et fûts de vin rouge. Plante tropicales et dunes de sable.
Des étendues immenses, des canyons, la nature qui te met une claque. Et on en reste un peu groggy.











mercredi 27 février 2008
Héroes nacionales

En se baladant dans les ferias et les boutiques d'antiquaires, ou dans le quartier de l'Abasto, on ne peut pas manquer la photo style acteur américain des années 50 de Carlos Gardel. Charles de son vrai nom, puiqu'il est né à Toulouse. Mais argentin de coeur, puisque sa mère s'installe à Buenos Aires quand il a 2 ans. Ce n'est pas tant pour sa carrière d'acteur assez peu brillante qu'il est célèbre, sinon parce qu'il a été le premier chanteur de tango, avec Mi noche triste, une mélodie tango sur laquelle il a chanté des paroles. Une popularité immense en son temps, et un traumatisme collectif pour sa mort dans un crash d'avion alors qu'il était en tournée en Colombie. Un peu de nostalgie d'un Buenos Aires d'un autre temps flotte dans l'air quand on entends un tango de Gardel.
Mi Buenos Aires querido (aucune idée du rôle du marin à droite)

Son but mythique contre l'Angleterre, le deuxième (même si vous n'aimez pas le foot, regardez le rien que pour le commentateur qui n'en rajoute pas du tout en bon argentin qu'il est. Je vous assure Thierry et Jean-Mimi peuvent aller se rhabiller)

Alberto Granado parle de son compagnon de voyage

Discours d'Eva Peron, (à partir de 1:00). Outre le caractère propagandiste de la video et le "Nothing elsa matters en fond", à voir pour comprendre Eva Peron.

J'en avais l'image d'un populiste, militaire antidémocratique, colaborateur fasciste puisqu'il avait envoyé des provisions à l'Espagne et l'Italie durant la Seconde Guerre Mondiale. Mais voilà la version péroniste: l'Argentine est la terre d'immigration des espagnols et italiens, arrivés par millions au XIXe et XX siècle. Toutes ces familles ont laissé dans leur pays des parents. Les laisser crever de faim pendant la guerre n'était donc pas très recommendable pour un gouvernement argentin.
Peron est leur Nasser, leur Tito (certains disent même leur De Gaulle mais je reste perplexe sur le péronisme de De Gaulle); celui qui a nationalisé les grandes compagnies qui permettent d'exploiter les richesses argentines, l'anti-impérialiste qui a proposé une "troisième voie" (autre que le communisme); celui qui a organisé le système syndical et leur a donné un pouvoir sans précédent; celui qui a permis l'émergence d'une classe moyenne argentine; celui qui a fait passé l'espérance de vie d'un ouvrier de 27 à 72 ans.
Avec autant de versions contradictoire je ne sais pas quoi penser du péronisme, d'Eva et Juan Peron. Populisme ou génie social? Autoritarisme ou charisme? Peut-être un mélange. Ce qui est sûr c'est que leur popularité est fascinante.
Encore seulement ministre en 1944 Peron est exclu du gouvernement militaire et envoyé en exil. Des milliers de travailleurs manifestent pour son retour le lendemain, le 17 octobre, de peur que ses politiques sociales disparaissent. En deux jours il de retour, et prononce un discours au balcon de la Casa rosada. Ses déclarations comme celles d'Evita sont accueillis par des foules de travailleurs. Il semble que les critiques soient venues, outre des marxistes, des intellectuels et de l'élite, et que le peuple les adorait. D'où le populisme. Ce qui est sûr c'est qu'ils méritent largement leur place dans les héros nationaux, pour la marque qu'ils ont laissé dans la politique argentine. A un journaliste l'interrogeant sur la composition de l'électorat argentin, Peron réponds:
"un 30% son radicales, un 25% conservadores y un 15% socialistas". ¿Y los peronistas?, le pregunta asombrado el periodista. "A no, peronistas son todos".
Se pose alors la question d'aujourd'hui. Nestor Kirchner, comme sa femme l'actuelle présidente Cristina Fernandez Kirchner, appartiennent au Parti Justicialiste, péroniste. Le péronisme étant de gauche comme de droite, la politique argentine est illisible selon nos références. Comment peut-on à la fois vouloir un modèle péroniste et critiquer à ce point le gouvernement? Réponse d'un péroniste: Cristina est de gauche dans son discours de campagne et néolibéraliste dans les faits. Elle n'a de péroniste que le nom.
Devant la mainmise des Kirchner sur leur parti et la gouvernance du pays, on parle désormais de kirchnerisme. En héritage de Peron on peut leur concéder une certaine distance avec les Etats-Unis, du moins en comparaison avec leurs voisins latino-américains. Nestor Kirchner bénéficie aussi d'une certaine popularité pour avoir sortie l'Argentine de la crise de 2001. Cristina, ça me semble moins évident pour le moment.
*Ayant passé un mois en Argentine entourée de péronistes (très) convaincus, mes impressions et ma vision des choses ne sont évidemment pas objectives.
dimanche 24 février 2008
Buenos Aires - Paredes
Un petit tour des quartiers de Buenos Aires à travers leurs murs.





Mur féministe de Villa Crespo
Mur design de Palermo

Mur peinture de San Telmo

Mur Guernica de Villa Crespo
Mur d'été de Palermo viejo

Mur tango de l'Abasto

Vieux mur de San Telmo

Mur Che Gayvara de San Telmo
Mur musée à ciel ouvert de La Boca

Buenos Aires - Insólito
Pour peu qu'on ait l'oeil, on peut trouver dans une ville plein d'erreurs, d'humour et de petits détails très drôles.

(s'adressant donc principalement aux italiens)






samedi 16 février 2008
Buenos Aires - Música de calle
L'ambiance de l'été, des rues piétonnes, des ferias artesanales.
Buenos Aires est peut-être la capitale du tango mais aussi la capitale d'un millier d'autres musiques, mélanges d'influences de toutes les cultures de la ville.
Symphonie pour klaxons
Made in Barcelona
Le jazz manouche ne vieillit pas
Orchestango
Du temps de Carlos Gardel...
Buenos Aires est peut-être la capitale du tango mais aussi la capitale d'un millier d'autres musiques, mélanges d'influences de toutes les cultures de la ville.
Symphonie pour klaxons
Made in Barcelona
Le jazz manouche ne vieillit pas
Orchestango
Ma' Amstrong
Du temps de Carlos Gardel...
dimanche 3 février 2008
Payaso
La une du journal national argentin d'aujourd'hui.
Depuis plusieurs mois la France vu d'ici c'est la vie privée de Sarkozy.
No comment.
samedi 2 février 2008
Jujuy
Le voyage débute dans la province de Jujuy, la plus au nord de l'Argentine, à Purmamarca. Ce village qui comprend en tout et pour tout une place, un distributeur de monnaie (en panne) et moults restaurants, hôtels et camping, est surtout connu pour son cerro de siete colores (la colline aux septs couleurs). Les théories diverges sur ce fameux cerro, parceque le village est entouré de montagnes de minéraux de toutes les couleurs, qu'il y en a plus de sept et qu'elles ne sont pas concentrées sur le même mont. Mais bon sept ça fait toujours bien alors ne contrediseons pas la célébrité locale.
En tout cas très impressionants le paysage et toutes ces couleurs.
L'occasion aussi de m'habituer au maté, qui bien plus qu'une herbe à thé plutôt amère, est un rituel social.
Le maté en Argentine désigne une herbe (ce n'est pas le maté de coca péruvien) dont on rempli un récipient (qui je crois s'appelle aussi le maté) et sur laquelle on verse de l'eau bouillante d'une manière spéciale afin que la saveur se garde pour tout le monde. On le boit ensuite avec la bombilla (la comparer à une paille serait probablement une insulte à la nation argentine), qui permet de ne pas avaler l'herbe. Le maté se partage entre amis, se propose à quelqu'un qu'on ne connait pas pour commencer une conversation, et agit comme un coupe-faim. Oui, le maté c'est un peu comme la cigarette chez nous, mais en bon pour la santé. En plus encombrant aussi, puisque tout le monde se trimballe avec son thermo, son paquet d'herbe et son maté.
De Purmamarca on va à Humahuaca. Même combat, mais en plus grand. Il faut dire que le nord de l'Argentine est la région la moins chère du pays, et comme les paysages sont époustouflants, c'est la destination très à la mode chez tous les étudiants des facs de sciences sociales, psychologie, lettres et art, et d'une ville à l'autre on recroise les même gens. Trés intéressant pour entendre parler de l'Argentine, connaître son histoire, sa culture, sa politique et ses problèmes sociaux.
Humahuaca est très agréable pour flaner dans les ruelles, monter au monument aux héros de l'indépendance qui surplombe la ville, où finir la soirée dans une peña, un bar où des groupes jouent de la musique folklorique, la chacarera entre autres dans le nord de l'Argentine.
Le nord de l'Argentine, qui faisait partie de l'empire inka, est aussi particulier pour son mélange entre les religions catholiques et indigènes. Ici on fête les morts comme au Mexique, avec de la musique, de la nourriture, des couleurs, puisque l'âme du mort demeure avec les vivants et peut agir sur leur vie. Le cimetière est donc mutlicolore et recouvert de couronnes de fleurs artificielles.
Colonia San Jose, sur la route entre Humahuaca et Tilcara, est complètement différent. C'est un hameau dans lequel ne s'arrête pas les bus, car il n'est pas touristique. Y vivent des familles relativement pauvres, qui gagnent leur vie de leurs cultures, mais surtout de la restauration et les produits de l'épicerie pour les gens qui s'arrêtent en route, les occasions spéciales comme le carnaval, où en ce moment les ouvriers qui refont la route. A priori donc, aucune raison que j'y atterrisse. Sauf que je voyage avec deux argentins qui partent tous les étés faire des missions. C'est-à-dire qu'un groupe de jeune d'une paroisse catholique va passer une semaine dans un village isolé et pauvre d'Argentine, et se font connaître des gens, leur parle, organisent des activités pour les enfants, célèbrent la messe et essayent de résoudre leurs problèmes, de voir leurs besoins.
J'ai beau être complètement athée et pour la laïcité, s'il y a une chose que j'ai compris dans ce voyage, c'est que l'Eglise ici joue un rôle social majeur, et que ce n'est pas seulement une question de conversion et d'opium du peuple. Un argentin avec qui je voyageais va devenir curé dans deux ans, l'occasion était trop belle pour demander pourquoi la religion était si importante.
Parce que devant la misère de ces gens, devenir curé est une manière d'"entregarse a la gente", et surtout la religion un lien commun qui permet à des paysans de l'intérieur de l'Argentine de communiquer immédiatement et sur le même plan avec un jeune éduqué de Buenos Aires. Parce que dans un continent où quasiment toute la population est catholique, la religion est un facteur d'unité. Et parce que les ONG n'ont pas encore acquéri le statut de l'Eglise pour ce qui est des oeuvres sociales.
On est donc accueilli à bras ouverts à Colonia San Jose, où un des argentins avait missioné pendant cinq ans. Les gens nous invitent à partager leur repas, nous parlent de leur vie, leurs problèmes. Ici les enfants arrêtent les études après l'Ecole primaire, parce que le collège est très loin et que ça revient cher, alors qu'à la maison ils peuvent aider leurs parents. Mais on a rencontré une adolescente très motivée qui a décidé de devenir infirmière et d'aller étudier à Buenos Aires. Ses parents ayant un commerce qui fonctionne assez bien, elle en aura sans doute la possibilité.
Le plus petit de la famille a failli perdre la vue car il n'y a aucun occuliste de garde dans à proximité, à peine un généraliste qui a pu les recevoir étant donné l'urgence. De même dans les pharmacies tous les produits ne se trouvent pas. L'éducation et la médecine n'arrivent pas partout.
20min et des chemins de terre plus loin, vit Waldo, un enfant qui est en fauteuil roulant (fauteuil que lui a obtenu la mission). C'est un fauteuil de ville, faute de mieux, donc vous vous imaginez la facilité des déplacements quand la maison est au milieu des champs cultivés et de l'élevage de chèvres. Mais Waldo va quand même à l'école, aussi compliqué que ça soit.
Quand son petit frère et lui comprennent comment marche l'appareil photo numérique, ils ne le lachent plus. Voilà donc cette après-midi vue par eux.
Le lendemain re-passage à La Quiaca, et traversée à Villazón en Bolivie, parce que les produits sont moins chers, et les marchés vendent de l'artisanat andin, que les argentins qui voyagent dans le nord adorent. De là on se fait embarquer par un pick-up pour aterrir à 20km de La Quiaca, à Yaví, un petit village tranquille dans une vallée, où l'on peut observer des peintures rupestres et - dit-on - des eaux thermales (jamais trouvée malgré deux heures de marche dans le fleuve).


Purmamarca, c'est surtout un village de probablement moins d'une centaine d'habitants hors saison, et le triple pendant les vacances, toute la population touristique étant concentrée sur la place, venant de Buenos Aires, ayant entre 18 et 30 ans et sachant au moins jouer No woman no cry et Manu Chao à la guitare. Le pantalon barriolé et le pull en lama est aussi de vigueur étant donné la proximité avec la frontière bolivienne. Enfin ambiance de vacances d'été parfaite pour mes premiers pas en Argentine.

Le maté en Argentine désigne une herbe (ce n'est pas le maté de coca péruvien) dont on rempli un récipient (qui je crois s'appelle aussi le maté) et sur laquelle on verse de l'eau bouillante d'une manière spéciale afin que la saveur se garde pour tout le monde. On le boit ensuite avec la bombilla (la comparer à une paille serait probablement une insulte à la nation argentine), qui permet de ne pas avaler l'herbe. Le maté se partage entre amis, se propose à quelqu'un qu'on ne connait pas pour commencer une conversation, et agit comme un coupe-faim. Oui, le maté c'est un peu comme la cigarette chez nous, mais en bon pour la santé. En plus encombrant aussi, puisque tout le monde se trimballe avec son thermo, son paquet d'herbe et son maté.

Humahuaca est très agréable pour flaner dans les ruelles, monter au monument aux héros de l'indépendance qui surplombe la ville, où finir la soirée dans une peña, un bar où des groupes jouent de la musique folklorique, la chacarera entre autres dans le nord de l'Argentine.


J'ai beau être complètement athée et pour la laïcité, s'il y a une chose que j'ai compris dans ce voyage, c'est que l'Eglise ici joue un rôle social majeur, et que ce n'est pas seulement une question de conversion et d'opium du peuple. Un argentin avec qui je voyageais va devenir curé dans deux ans, l'occasion était trop belle pour demander pourquoi la religion était si importante.
Parce que devant la misère de ces gens, devenir curé est une manière d'"entregarse a la gente", et surtout la religion un lien commun qui permet à des paysans de l'intérieur de l'Argentine de communiquer immédiatement et sur le même plan avec un jeune éduqué de Buenos Aires. Parce que dans un continent où quasiment toute la population est catholique, la religion est un facteur d'unité. Et parce que les ONG n'ont pas encore acquéri le statut de l'Eglise pour ce qui est des oeuvres sociales.
On est donc accueilli à bras ouverts à Colonia San Jose, où un des argentins avait missioné pendant cinq ans. Les gens nous invitent à partager leur repas, nous parlent de leur vie, leurs problèmes. Ici les enfants arrêtent les études après l'Ecole primaire, parce que le collège est très loin et que ça revient cher, alors qu'à la maison ils peuvent aider leurs parents. Mais on a rencontré une adolescente très motivée qui a décidé de devenir infirmière et d'aller étudier à Buenos Aires. Ses parents ayant un commerce qui fonctionne assez bien, elle en aura sans doute la possibilité.
Le plus petit de la famille a failli perdre la vue car il n'y a aucun occuliste de garde dans à proximité, à peine un généraliste qui a pu les recevoir étant donné l'urgence. De même dans les pharmacies tous les produits ne se trouvent pas. L'éducation et la médecine n'arrivent pas partout.
20min et des chemins de terre plus loin, vit Waldo, un enfant qui est en fauteuil roulant (fauteuil que lui a obtenu la mission). C'est un fauteuil de ville, faute de mieux, donc vous vous imaginez la facilité des déplacements quand la maison est au milieu des champs cultivés et de l'élevage de chèvres. Mais Waldo va quand même à l'école, aussi compliqué que ça soit.
Quand son petit frère et lui comprennent comment marche l'appareil photo numérique, ils ne le lachent plus. Voilà donc cette après-midi vue par eux.





Voilà pour ce qui est de Jujuy, une province argentine mais touchant la Bolivie, qui en partage donc ses paysages et certains de ses problèmes.
dimanche 27 janvier 2008
Fronteras
El viento viene, el viento se va, por la frontera
La suerte viene, la suerte se va, por la carretera...
Evidemment je ne vais pas prétendre parler mieux de la frontière que Manu Chao qui a voyagé toute sa vie dans tous les coins du monde. Surtout ayant grandi dans l'espace Schengen.
Mais j'ai aussi mes petites histoires de frontières.
Tout d'abord, la frontière la plus stupide du monde (pas de lapsus, j'ai dit frontière), j'ai nommé la frontière des Etats-Unis. Je ne parle pas de celle avec le Mexique ou le Canada, mais de celle avec le reste du monde - l'aéroport donc. Cette frontière a gagné son titre de stupidité après le 11/09/2001 avec des questions telles que "êtes-vous terroriste?" ou la fameuse "est-ce-que quelqu'un que vous ne connaissez pas vous a donné quelque chose?" de Gad Elmaleh. Il semble que l'US Department of Justice ait décidé de faire un geste envers les intermitents, en facilitant la tâche aux comiques. La preuve, dans le papier à remplir pour entrer aux Etats-Unis, il faut répondre aux questions suivantes:
B- Avez-vous été arrété ou condamné pour un délit ou crime réprouvé par la morale publique, ou enfreint la loi en matière de substances contrôlées? Demandez-vous l'entrée aux Etats-Unis dans l'intention de vous livrer à des activités criminelles ou immorales?
*oui *non (attention il y a un piège)
C- Avez-vous autrefois été impliqué, ou êtes-vous maintenant impliqué dans des activités d'espionnage, de sabotage, de terrorisme, de génocide, ou, entre 1933 et 1945, avez-vous participé en auncune façon à des persécutions perpétrées au nom de l'Allemagne nazie ou de ses alliés?
"Pourquoi?" a été la question qui a tourné dans ma tête pendant longtemps. Quelques explications (tordues) possibles ont émergé:
1) L'espoir qu'un jour par réflexe un terroriste coche "oui"
2) La décision de mettre fin une fois pour toutes à l'humour des blagueurs inconscients qui ont coché "oui" et qui ne le feront plus jamais après un interrogatoire (musclé)
3) La conviction que cette mesure forte du gouvernement Bush disuadera les terroristes d'entrer sur le territoire américain.
4) Une raison juridique obscure qui permettrait une cause de procès pour négation de son activité de terrorisme - Ben oui imaginez un jour si un terroriste se fait arrêter on pourra retrouver son papier vert et dire "ahah vous aviez coché "non", vous avez donc menti en votre âme et conscience à la face du peuple américain!" Un peu comme Clinton et Lewinsky, le problème n'est pas l'acte mais le mensonge sur la Constitution. Enfin bon c'est pas comme si à Guantanamo ils avaient l'habitude d'avoir des procès (équitables) de toutes façons.
Bon et encore je parle de cette frontière du point de vue d'une fille qui a un passeport marqué "Union Européenne". Encore que ou portant des vêtements trop hippies (une jupe sur un pantalon large, c'est dire), ou ayant une tête trop méditerranéenne, ou encore sonnant ostentiblement à tous les portillons de contrôle (pour une raison jusqu'à aujourd'hui inconnue), j'ai droit à pleins de contrôles en rab. J'imagine même pas si j'avais une barbe.
Dans un tout autre style, il y a la frontière abandonnée à son sort - Aguas Verdes, la frontière entre le Pérou et l'Equateur, à Tumbes. Je ne sais pas si c'est l'effet 1er janvier qui est trompeur, mais en tous cas il n'y a absolument personne. La route est barrée par un traiteau qui dit "Detenerse", ce qui incite les gens de bonne volonté à passer par le poste de police de frontière, constitué majoritairement de couloirs et pièces vides.
Une fois le passeport tamponé on peut passer le même traiteau en faisant un pas sur le côté, et s'engager sur cette large route déserte qui - dit-on - mène à l'Equateur. Pour cela on monte dans un mototaxi. Sauf que si on monte pas en quatrième vitesse il existe la possibilité de se faire arracher son sac juste sous la moustache des policiers des frontières, qui, dans un effort inouï, décrochent le téléphone pour appeler la police du centre de Tumbes. Ses représentants arrivent 10min plus tard parce qu'en plein match de foot, et constatant sur place que les voleurs sont partis, rentrent au poste faire un rapport ("en trois exemplaires", comme les romains dans Astérix). Le policier en civil sur place depuis le début se manifeste en promettant de faire son enquête, mais n'ayant plus de billet à lui glisser, peu probable que ça aboutisse.
Donc pas de passeport, pas d'Equateur. Ma seule frontière infranchie.
Puis il y a la frontière où on passe comme dans un moulin, Desaguadero, entre le Pérou et la Bolivie. Les postes sont de côté de la rue, coincés entre les vendeurs de toutes sortes, et il n'y a pas une seule barrière, ni policier à plus d'1m de la porte de son bureau.
Pour passer du Pérou à la Bolivie, il suffit de traverser à pieds un pont. On peut donc s'amuser à établir le record des aller-retours entre deux pays en un journée, puisqu'à moins de vouloir passer dans un autre pays depuis la Bolivie, on n'a pas vraiment besoin du tampon sur le passeport.
Enfin il y a la frontière qui se mérite, Villazón-La Quiaca, entre la Bolivie et l'Argentine. Déjà, il faut trouver où elle est dans Villazón. On peut pour cela se laisser guider par les boutiques de change dont les taux sont incertains, mais une fois qu'on a des dollars en main on ne peut plus s'acheter à manger parce que les boutiques n'acceptent que les bolivianos, flemme d'aller chercher de la monnaie pour rendre. Une fois la frontière trouvée, il faut faire la queue pour avoir son tampon "sortie" de Bolivie, traverser le pont et refaire la queue pour l'"entrée" en Argentine, sachant que ce coup-ci il y a des policiers qui surveillent. Enfin pas dans le poste, puisqu'il y a un seul officier pour dix personnes par minutes qui arrivent, et celui-ci doit bien prendre sa pause déjeuner un moment ou un autre, et qu'il n'est pas remplacé. 2h30 d'attente pour un tampon.
1) L'espoir qu'un jour par réflexe un terroriste coche "oui"
2) La décision de mettre fin une fois pour toutes à l'humour des blagueurs inconscients qui ont coché "oui" et qui ne le feront plus jamais après un interrogatoire (musclé)
3) La conviction que cette mesure forte du gouvernement Bush disuadera les terroristes d'entrer sur le territoire américain.
4) Une raison juridique obscure qui permettrait une cause de procès pour négation de son activité de terrorisme - Ben oui imaginez un jour si un terroriste se fait arrêter on pourra retrouver son papier vert et dire "ahah vous aviez coché "non", vous avez donc menti en votre âme et conscience à la face du peuple américain!" Un peu comme Clinton et Lewinsky, le problème n'est pas l'acte mais le mensonge sur la Constitution. Enfin bon c'est pas comme si à Guantanamo ils avaient l'habitude d'avoir des procès (équitables) de toutes façons.
Bon et encore je parle de cette frontière du point de vue d'une fille qui a un passeport marqué "Union Européenne". Encore que ou portant des vêtements trop hippies (une jupe sur un pantalon large, c'est dire), ou ayant une tête trop méditerranéenne, ou encore sonnant ostentiblement à tous les portillons de contrôle (pour une raison jusqu'à aujourd'hui inconnue), j'ai droit à pleins de contrôles en rab. J'imagine même pas si j'avais une barbe.
Dans un tout autre style, il y a la frontière abandonnée à son sort - Aguas Verdes, la frontière entre le Pérou et l'Equateur, à Tumbes. Je ne sais pas si c'est l'effet 1er janvier qui est trompeur, mais en tous cas il n'y a absolument personne. La route est barrée par un traiteau qui dit "Detenerse", ce qui incite les gens de bonne volonté à passer par le poste de police de frontière, constitué majoritairement de couloirs et pièces vides.
Une fois le passeport tamponé on peut passer le même traiteau en faisant un pas sur le côté, et s'engager sur cette large route déserte qui - dit-on - mène à l'Equateur. Pour cela on monte dans un mototaxi. Sauf que si on monte pas en quatrième vitesse il existe la possibilité de se faire arracher son sac juste sous la moustache des policiers des frontières, qui, dans un effort inouï, décrochent le téléphone pour appeler la police du centre de Tumbes. Ses représentants arrivent 10min plus tard parce qu'en plein match de foot, et constatant sur place que les voleurs sont partis, rentrent au poste faire un rapport ("en trois exemplaires", comme les romains dans Astérix). Le policier en civil sur place depuis le début se manifeste en promettant de faire son enquête, mais n'ayant plus de billet à lui glisser, peu probable que ça aboutisse.
Donc pas de passeport, pas d'Equateur. Ma seule frontière infranchie.
Puis il y a la frontière où on passe comme dans un moulin, Desaguadero, entre le Pérou et la Bolivie. Les postes sont de côté de la rue, coincés entre les vendeurs de toutes sortes, et il n'y a pas une seule barrière, ni policier à plus d'1m de la porte de son bureau.
Pour passer du Pérou à la Bolivie, il suffit de traverser à pieds un pont. On peut donc s'amuser à établir le record des aller-retours entre deux pays en un journée, puisqu'à moins de vouloir passer dans un autre pays depuis la Bolivie, on n'a pas vraiment besoin du tampon sur le passeport.


Retour à la frontière formelle et re-queue pour le contrôle des bagages, culture de coca et épidémies de pays pauvre en Bolivie obligent.
Sachant que la nouvelle présidente Cristina Kirchner, femme du président précédent, a fait passer l'Argentine à l'heure d'été il y a deux semaines, on perd donc deux heures en 10m. Mais c'est pour faire des économies d'énergies, alors...
La Quiaca (côté argentin), même combat. Aucune indication d'orientation. Mais quand enfin on trouve le terminal de bus - guidé par les amis qu'on a eu le temps de se faire en 2h30 de queue- alors là, le voyage commence.
Sachant que la nouvelle présidente Cristina Kirchner, femme du président précédent, a fait passer l'Argentine à l'heure d'été il y a deux semaines, on perd donc deux heures en 10m. Mais c'est pour faire des économies d'énergies, alors...
La Quiaca (côté argentin), même combat. Aucune indication d'orientation. Mais quand enfin on trouve le terminal de bus - guidé par les amis qu'on a eu le temps de se faire en 2h30 de queue- alors là, le voyage commence.
Inscription à :
Articles (Atom)