samedi 2 février 2008

Jujuy

Le voyage débute dans la province de Jujuy, la plus au nord de l'Argentine, à Purmamarca. Ce village qui comprend en tout et pour tout une place, un distributeur de monnaie (en panne) et moults restaurants, hôtels et camping, est surtout connu pour son cerro de siete colores (la colline aux septs couleurs). Les théories diverges sur ce fameux cerro, parceque le village est entouré de montagnes de minéraux de toutes les couleurs, qu'il y en a plus de sept et qu'elles ne sont pas concentrées sur le même mont. Mais bon sept ça fait toujours bien alors ne contrediseons pas la célébrité locale. En tout cas très impressionants le paysage et toutes ces couleurs.









Purmamarca, c'est surtout un village de probablement moins d'une centaine d'habitants hors saison, et le triple pendant les vacances, toute la population touristique étant concentrée sur la place, venant de Buenos Aires, ayant entre 18 et 30 ans et sachant au moins jouer No woman no cry et Manu Chao à la guitare. Le pantalon barriolé et le pull en lama est aussi de vigueur étant donné la proximité avec la frontière bolivienne. Enfin ambiance de vacances d'été parfaite pour mes premiers pas en Argentine.
L'occasion aussi de m'habituer au maté, qui bien plus qu'une herbe à thé plutôt amère, est un rituel social.
Le maté en Argentine désigne une herbe (ce n'est pas le maté de coca péruvien) dont on rempli un récipient (qui je crois s'appelle aussi le maté) et sur laquelle on verse de l'eau bouillante d'une manière spéciale afin que la saveur se garde pour tout le monde. On le boit ensuite avec la bombilla (la comparer à une paille serait probablement une insulte à la nation argentine), qui permet de ne pas avaler l'herbe. Le maté se partage entre amis, se propose à quelqu'un qu'on ne connait pas pour commencer une conversation, et agit comme un coupe-faim. Oui, le maté c'est un peu comme la cigarette chez nous, mais en bon pour la santé. En plus encombrant aussi, puisque tout le monde se trimballe avec son thermo, son paquet d'herbe et son maté.

De Purmamarca on va à Humahuaca. Même combat, mais en plus grand. Il faut dire que le nord de l'Argentine est la région la moins chère du pays, et comme les paysages sont époustouflants, c'est la destination très à la mode chez tous les étudiants des facs de sciences sociales, psychologie, lettres et art, et d'une ville à l'autre on recroise les même gens. Trés intéressant pour entendre parler de l'Argentine, connaître son histoire, sa culture, sa politique et ses problèmes sociaux.

Humahuaca est très agréable pour flaner dans les ruelles, monter au monument aux héros de l'indépendance qui surplombe la ville, où finir la soirée dans une peña, un bar où des groupes jouent de la musique folklorique, la chacarera entre autres dans le nord de l'Argentine.

Le nord de l'Argentine, qui faisait partie de l'empire inka, est aussi particulier pour son mélange entre les religions catholiques et indigènes. Ici on fête les morts comme au Mexique, avec de la musique, de la nourriture, des couleurs, puisque l'âme du mort demeure avec les vivants et peut agir sur leur vie. Le cimetière est donc mutlicolore et recouvert de couronnes de fleurs artificielles.

Colonia San Jose, sur la route entre Humahuaca et Tilcara, est complètement différent. C'est un hameau dans lequel ne s'arrête pas les bus, car il n'est pas touristique. Y vivent des familles relativement pauvres, qui gagnent leur vie de leurs cultures, mais surtout de la restauration et les produits de l'épicerie pour les gens qui s'arrêtent en route, les occasions spéciales comme le carnaval, où en ce moment les ouvriers qui refont la route. A priori donc, aucune raison que j'y atterrisse. Sauf que je voyage avec deux argentins qui partent tous les étés faire des missions. C'est-à-dire qu'un groupe de jeune d'une paroisse catholique va passer une semaine dans un village isolé et pauvre d'Argentine, et se font connaître des gens, leur parle, organisent des activités pour les enfants, célèbrent la messe et essayent de résoudre leurs problèmes, de voir leurs besoins.
J'ai beau être complètement athée et pour la laïcité, s'il y a une chose que j'ai compris dans ce voyage, c'est que l'Eglise ici joue un rôle social majeur, et que ce n'est pas seulement une question de conversion et d'opium du peuple. Un argentin avec qui je voyageais va devenir curé dans deux ans, l'occasion était trop belle pour demander pourquoi la religion était si importante.
Parce que devant la misère de ces gens, devenir curé est une manière d'"entregarse a la gente", et surtout la religion un lien commun qui permet à des paysans de l'intérieur de l'Argentine de communiquer immédiatement et sur le même plan avec un jeune éduqué de Buenos Aires. Parce que dans un continent où quasiment toute la population est catholique, la religion est un facteur d'unité. Et parce que les ONG n'ont pas encore acquéri le statut de l'Eglise pour ce qui est des oeuvres sociales.
On est donc accueilli à bras ouverts à Colonia San Jose, où un des argentins avait missioné pendant cinq ans. Les gens nous invitent à partager leur repas, nous parlent de leur vie, leurs problèmes. Ici les enfants arrêtent les études après l'Ecole primaire, parce que le collège est très loin et que ça revient cher, alors qu'à la maison ils peuvent aider leurs parents. Mais on a rencontré une adolescente très motivée qui a décidé de devenir infirmière et d'aller étudier à Buenos Aires. Ses parents ayant un commerce qui fonctionne assez bien, elle en aura sans doute la possibilité.
Le plus petit de la famille a failli perdre la vue car il n'y a aucun occuliste de garde dans à proximité, à peine un généraliste qui a pu les recevoir étant donné l'urgence. De même dans les pharmacies tous les produits ne se trouvent pas. L'éducation et la médecine n'arrivent pas partout.
20min et des chemins de terre plus loin, vit Waldo, un enfant qui est en fauteuil roulant (fauteuil que lui a obtenu la mission). C'est un fauteuil de ville, faute de mieux, donc vous vous imaginez la facilité des déplacements quand la maison est au milieu des champs cultivés et de l'élevage de chèvres. Mais Waldo va quand même à l'école, aussi compliqué que ça soit.
Quand son petit frère et lui comprennent comment marche l'appareil photo numérique, ils ne le lachent plus. Voilà donc cette après-midi vue par eux.
Le lendemain re-passage à La Quiaca, et traversée à Villazón en Bolivie, parce que les produits sont moins chers, et les marchés vendent de l'artisanat andin, que les argentins qui voyagent dans le nord adorent. De là on se fait embarquer par un pick-up pour aterrir à 20km de La Quiaca, à Yaví, un petit village tranquille dans une vallée, où l'on peut observer des peintures rupestres et - dit-on - des eaux thermales (jamais trouvée malgré deux heures de marche dans le fleuve).

Voilà pour ce qui est de Jujuy, une province argentine mais touchant la Bolivie, qui en partage donc ses paysages et certains de ses problèmes.

5 commentaires:

Elsa a dit…

Bon faudra que je revienne lire le texte car pour être honnête j'ai pas le temps juste là maintenant, mais ça fait plaisir de voir des photos récentes de toi :))

Biz

Anonyme a dit…

Vraiment, c'est un régal de lire ces récits de voyages. On a l'impression d'y être.
Au passage, quand tu parlais de religion ça m'a fait penser à un reportage que j'ai vu, dans lequel ils montraient deux soeurs françaises qui ont monté un orphelinat (qui fait aussi d'autres choses: distribution de repas, de médicaments...) dans un village perdu de Mongolie. Par moins 40 degrés, ces femmes allaient dans des trous de 5mètres creusés par des clochards cherchant la chaleur prés des conduits d'eau chaude, pour leur apporter, elles, un petit réconfort. C'est vrai que ça fait réfléchir.

Anonyme a dit…

ha! Je l'ai vu aussi ! Elle était incroyable ces 2 soeurs, elle ont mm ouvert un orphelinat pour recueillir les enfants pauvre, elles faisaient tout ! C'était tout simplement beau.

La religion est un concept délicat : il est aussi inimaginable à mon sens de penser une gde partie de l'Amérique du Sud ou de l'Afrique sans religion, qu'il m'est intolérable d'entendre Sarko lacher des phrase du style "en matière morale, auqu'un instituteur ne remplacera jamais un prêtre".

Anonyme a dit…

sérieux il a dit ça?

Anonyme a dit…

Oh oui. Et ce n'est qu'un début!