mercredi 12 septembre 2007

Le mot du jour: Partido de futbal

Eh bien oui, moi qui ne suis jamais allée à un seul match de foot en France, me voici au bout d'un mois au Pérou dans le Estadio Monumental de Lima pour voir le match amical Pérou-Colombie. La passion continentale pour le footbal aurait-elle déjà déteint sur moi?

Eh bien non mais figurez-vous qu'ici, aller acheter un billet pour un match de foot ou aller faire ses courses c'est pareil, d'une parce que c'est le supermarché Wong qui vend les billets, et de deux parce qu'on a des chances pour s'en sortir pour le même prix: 10 soles pour la tribune sud, que le vendeur nous conseille pour son ambiance (le plus cher est 30 soles).
Les places ne sont évidemment pas numérotées donc idéalement il faut y aller pour 17h (pour le match de 20h) selon le même vendeur. Nous ça nous fait un peu rire, puis on s'en fiche un peu de bien voir le match, c'est surtout pour voir l'ambiance qu'on y va. Mais bon on se donne quand même rendez-vous à 17h45 devant le stade.
Etant données les capacités d'organisation et de ponctualité d'un groupe d'étudiants, on part vers 18h et des bananes de notre résidence. On prend un taxi à quatre pour aller au stade qui est plutôt loin à ce qu'on nous a dit.
Ca commence bien quand le taxi nous fait remarquer qu'on est un peu inconscientes d'aller voir un match de foot au Pérou, avec nos têtes de touristes. Puis on lui dit qu'on est dans la tribune sud, et là il se met à dire qu'on est complètement folles, que c'est hyper dangereux, qu'on les appelle "el campo sur" et que tout le monde a peur d'eux, que même lui n'y va pas. Myriam l'allemande rigole bien en disant qu'elle est déjà allée à des matchs en Allemagne et que vu les hooligans qu'il y a, elle débarque pas complètement. Mais il continue en disant qu'on va se faire voler, qu'on ressortira sans rien. Sur ce il nous raconte qu'il est allé voir un match en Argentine et que comme c'était un touriste il est ressorti sans chaussures, portefeuille ni manteau. Marie-Clémence voudrait franchement ne jamais avoir acheté ses billets.
Il se trouve qu'en plus le trajet est pour le coup vraiment long, que plus on s'approche du stade et moins on avance vite, et qu'il n'a pas l'air de se lasser de nous décourager d'y aller. Ca fait maintenant une heure qu'on est dans le taxi et on lui demande si c'est loin parce qu'on y serait sans doute plus vite à pieds vu comme c'est bouché. Mais il nous dit que ça craint, que même les policiers n'y vont pas, qu'il n'y a rien autour du stade.
20min et 50m plus tard, c'est-à-dire à 15min du match, on décide de descendre du taxi vu le nombre de gens qui ont eu la même idée, et les policiers qu'on a croisé. Ca me confirme que le chauffeur en rajoutait des tonnes, comme c'est souvent le cas ici parce que beaucoup de péruviens ont tendance à materner les touristes en pensant qu'ils ont peur de tout et qu'il vaut donc mieux leur éviter le moindre désagrément. Ca part d'une bonne intention au départ, et bien sûr il est marqué porte-feuille-sur-patte sur notre tête, mais ça devient énervant à la longue, parce que si on les écoutait on resterait dans un hôtel 4 étoiles et on ne vivrait pas.
En tous cas il est 19h50 et on se dépêche dans l'avenue Javier Prado où il y a tellement de piétons qui se ruent vers le stade que les voitures ne peuvent même plus passer. On croise des dizaines de vendeurs de billets au noirs (Surorienteoccidentenorte!Sur!Sur!), de maillots, écharpes, drapeaux, cigarettes, chips, barres chocolatées. Le temps qu'on retrouve tout le monde, on entend les hymnes de dehors. Finalement après une vérification à la lampe de poche de l'authenticité de notre billet et un cochage au stylo, on entre dans le stade alors que le match vient de commencer. C'est plein à craquer, enfin du moins dans les tribunes les moins chères, qui sont en fait des grandes marches de pierres, sans siège. Et pas de bandes avec des couteaux dans la bouche à signaler.
On est derrière le but colombien qu'on voit à travers de grillages, tandis qu'on aperçoit le but péruvien en se décalant à gauche ou à droite d'un poteau. C'est marrant de voir un match de si près et sans commentaires. Du coup je comprends rien aux décisions de l'arbitre et je ne sais pas qui sont les joueurs, non seulement parce que je ne suis pas une spécialiste du footbal péruvien mais surtout parce que c'est pas marqué sur leur maillot. Enfin je réussis quand même à repérer Pizarro parce que tout le monde crie son nom. A part ça le match est ponctué de messages de la police toutes les 10min qui demande d'évacuer les escaliers de telle ou telle tribune.

Evidemment selon les lois de Murphy, la Colombie a marqué à la première mi-temps, donc de l'autre côté du terrain qu'on ne voyait pas. J'ai compris qu'il y avait eu un but quand j'ai vu courir les joueurs et se lever pour chanter les 30 colombiens du stade que tout le monde regardait. Et selon ces même lois en deuxième mi-temps le Pérou a égalisé de l'autre côté du stade. J'ai quand même vu le deuxième but de la Colombie mais là encore, tout le monde croyait que la balle avait été sortie des cages par un défenseur et donc c'est en voyant courir les joueurs qu'on a compris.
C'était marrant de voir les photographes qui étaient juste devant nous qui grâce aux miracles de la technologie partageaient leur temps entre photo et envoi sur leur ordinateur portable (ce qui à mon avis est une opération fort risquée sur un terrain de foot). D'ailleurs à un moment le joueur ne pouvait même pas tirer le corner parce que les photographes le genait. C'est fou.
Pour finir on est sorti 5min avant la fin pour éviter les mouvements de foule et trouver un transport pour rentrer avant que ça soit congestioné et on a donc loupé l'égalisation du Pérou à la dernière minute...
Enfin on a quand même eu beaucoup de chance parce que vu le système d'organisation il y avait 2000 personnes qui avaient acheté des billets mais qui n'avaient pas pu rentrer parce que le stade était complet et qu'ils avaient donc fermé les portes. Les gens étaient donc très ennervés et les policiers ont distribué quelques coups pour les calmer. On est au Pérou.

On est finalement rentrés en taxi et comme c'était cher à cause de l'heure et des lois de l'offre et de la demande, on s'est serrés à 1 devant, 4 sur la banquette arrière et 2 dans le coffre.

Comme le dit Benabar, et quoiqu'en dise le taxista, "j'échangerai pas ma place, même si on va dans le mur"...

1 commentaire:

Elsa a dit…

Bon ben le seul truc que je peux dire pour compenser c'est qu'en ce moment y a régulièrement des écossais en kilts partout dans Paris. Et pour cause : coupe du monde de rugby.

Heureuse que tu ne te sois pas faite égorgée :)